La planète des singes

Un classique de la Bibliothèque verte

Le roman de Pierre Boulle, paru en 1964, fait partie des classiques de la science-fiction volontiers étudié dans les collèges. Peut être parce que le style minimaliste en fait un roman d’abord facile.

Ulysse Mérou (pour mémoire, Ulysse était un grand voyageur et le mérou est un poisson franchement antipathique) atterrit avec deux compagnons sur une planète ressemblant à la terre. Après avoir fait la connaissance d’humains particulièrement demeurés, Ulysse est capturé lors d’une chasse par des gorilles...

L’inversion des rôles entre l’humain et le singe est plutôt réussie ; ainsi les singes trouvent ridicule un homme habillé tout comme un singe avec une casquette nous semble loufoque. Le personnage d’Ulysse Mérou, pédant, arrogant et misanthrope, ne cachant pas son mépris pour ses semblables et totalement dénué de compassion représente l’aspect le pire de l’homme. Zira et Cornelius en revanche sont doués de sympathie et de qualités " humaines ". L’histoire d’amour avortée entre Zira et Ulysse est symbolique de leur relation ; malgré leur amitié, Zira ne saura vaincre sa répulsion pour embrasser Ulysse, dégoûtée parce qu’il n’est qu’un homme. Ulysse de son côté ne s’habitue pas à l’apparence physique de la guenon, n’évoque comme caractéristique physique de celle-ci que ses beaux yeux intelligents et ses bras velus. Pour la conversation finalement elle est bien agréable (comme une fille moche mais drôle) mais il réserve les câlins à sa bimbo.

A une époque où l’on parle énormément de manipulation génétique et de tests sur les animaux, la Planète des Singes ne perd rien de son actualité. Bien au contraire. Le caractère éthique de cette utopie fait partie des interrogations présentes : L’attitude des Gorilles qui se font photographier devant les cadavres d’humains qu’ils viennent de chasser ne vous rappelle-t-elle pas certaines photos du " Chasseur Français "  ? En quoi sont-ils plus monstrueux que l’homme ? En quoi aussi en sont-ils différents ? Finalement, ce que nous considérons comme notre intelligence n’est-elle pas simplement une forme d’imitation ?

Malgré quelques scènes assez réussies (la chasse ou la description de la bourse), on est finalement assez décu par ce " classique " de la littérature de science-fiction qui fait figure de Bibliothèque rose si on le compare à l’effrayant 1984 de George Orwell.

Celia