La quatrième main
John Irving

Qui aime bien châtie bien

Irving, on est tombé dedans quand on était petits à Tunabox et les histoires de chiens péteurs font partie de notre patrimoine familial.

Plus dure fût la chute à la lecture de son petit (moins de 400 pages, un demi-Irving en quelque sorte) dernier : insipide, incolore, l’Irving poids plume a malheureusement un arrière-goût de navet. Alors que l’auteur a pour habitude de nous mener du fou rire aux larmes, la lecture de la " Quatrième Main " nous a fait autant d’effet que du mercurochrome sur une jambe de bois.

Alors que l’on s’amuse dans les autres romans à retrouver les fils conducteurs entre les différents romans, cette manie de l’écrivain se révèle ici plutôt artificielle, car certaines références sont complètement incohérentes pour qui ne connaît pas l’œuvre complète. Ainsi il faut avoir lu " Le Monde selon Garp " pour comprendre la signification du séminaire sur les femmes au Japon et le rapport complexe qu’entretient Patrick, le principal protagoniste avec les femmes et la sexualité.

Les pavés précédents nous permettaient de faire lentement connaissance avec les personnages, la multitude des thèmes ne tournant jamais à la confusion. Dans " la Quatrième Main ", on se demande quel message Irving veut faire passer : la médiocrité de la télévision et la critique des informations à grand spectacle, à travers l’accident de John-John Kennedy ? Un plaidoyer pour les handicapés ? Un accident stupide est si vite arrivé ? Dans son roman fourre-tout, Irving parle de tout sans jamais traiter de rien, et tombe dans le roman à grand spectacle.

Ses personnages souffrent aussi de la concision du roman, apparaissent et disparaissent comme des lapins de magiciens sans queue ni tête. On se prend quand même d’amitié pour le Dr Zajac que l’on perd malheureusement en route dès le 2ième acte, alors que les chapitres qui lui sont consacrés sont les plus piquants de tout ce morne roman. Patrick Wallington lui en revanche ne nous lâche pas une seconde et c’est bien dommage. Fadasse comme un cocktail sans alcool et ennuyeux comme une émission de variétés présentée par Michel Drucker, le héros objet sexuel aligne les conquêtes féminines avec la constance et la puissance de sentiments d’une starlette en goguette. Il s’entiche finalement de la moustachue Mrs Clausen (qui lui rappelle un rêve érotique qu’il avait eu après avoir pris une petite pilule bleue), autre personnage médiocre qui n’est pas sans nous rappeler la voisine du dessous.

Bref, s’il ne faut en lire qu’un, oubliez celui-là.

Célia