Les années
70 ont vu éclore à la télévision les séries
et autres feuilletons, essentiellement américains. De Dallas à
Dynastie en passant par Les feux de l'amour, on y traite surtout
de la vie sentimentale de gens riches et puissants. Cela continue dans les années
80, avec une évolution vers les comédies familiales parlant de
gens comme vous et moi... pas fauchés quand même, rappelez-vous
Quoi de neuf docteur. Enfin, les années 90 apportent les sitcom,
notamment celles avec des blacks comme Le prince de Bel air. La pauvreté
y existe enfin, mais les protagonistes s'en sortent encore grâce à
de gentils riches.
Il faut attendre la fin des années 90 pour que de vrais
problèmes de sociétés soient abordés dans les séries.
C'est entre autres les chaînes cablées des Etats Unis qui en sont
spécialistes. On a beaucoup entendu parler de Sex and the city,
série diffusée par HBO, qui est censée
mettre en scène des femmes très libérées sexuellement.
Pourtant, à y bien regarder, il ne s'y passe pas grand chose: on y parle
de fellation du bout des lèvres, la femme la plus libre (elle couche
avec ceux qu'elle désire, point) est présentée comme une
nymphomane, et toutes les autres rêvent de se caser avec un prince charmant,
d'avoir des enfants et un chien à la campagne. Rien de bien époustoufflant,
donc.
Il ne faut pas s'arrêter là pourtant. Seul inconvénient:
en France aussi il faut avoir le câble pour voir les meilleures séries,
diffusées sur Série club ou Canal jimmy, plus rarement sur Canal
+. La série OZ, diffusée par HBO, il faut être tombé
dessus par hasard pour la connaître: aucune publicité, aucun article
dans les grands journaux, cela passe en général le samedi soir.
Il s'agit ici d'une prison abrittant les plus grands criminels, violeurs, escrocs
que la Terre ait jamais porté. Ames sensibles s'abstenir: c'est cru,
violent, morbide, sans concession. Les scènes de viol, meurtre, mutilation,
humiliation ne sont pas voilées, elles sont destinées à
choquer le télespectateur. On s'attache au criminel le plus endurci avant
même de s'en apercevoir. C'est très bien filmé, très
bien joué, les acteurs sont plus vrais que nature et pourtant ils jouent.
On en prend plein la figure à chaque épisode, et on en redemande.
Ce qui est étonnant, c'est la liberté de ton et de parole qu'on
y trouve: cette série vient des Etats Unis et on peut penser que très
peu de choses y sont censurées, puisque le gouverneur est le personnage
le moins sympathique, venant loin devant le prisonnier le plus détestable.
Enchaînons
avec une série plus connue, produite par la fox et diffusée aus
US sur ABC: NYPD blues. C'est l'histoire de policiers à New York,
de la manière dont ils font leur travail. On est très loin de
Navarro: il y a des flics gentils et méchants, humains surtout,
défauts compris. On y voit des scène hallucinantes pour ce genre
de programme: des policiers qui perdent leur sang froid et tabassent (il n'y
a pas d'autre mots) des prévenus! Cela concerne essentiellement des violeurs
et des gens qui ont attaqué des policiers, mais aussi des bavures. Et
là, la série fait très fort: on s'identifie aux personnages,
on les comprend aussi, on ne les excuse pas pour autant, on comprend enfin ce
métier qui fait tant de mystères en France.
Les anglais savent aussi être efficaces: ils diffusent
(sur channel 4) Histoires gay (Queer as folk). Cette série
est très difficile à voir en France, étant passée
par groupe d'épisodes et sporadiquement, parfois sans prévenir,
sur Canal+. Heureusement, Série club a pris le relais, et on espère
de manière régulière. 12 épisodes de 26 minutes
sur la vie de 2 homosexuels qui vivent à Manchester. Sur le même
principe que dans les séries précédentes, on ne prend pas
de gants et quand deux hommes doivent s'embrasser, ils ne se contentent pas
de se donner l'accolade... Cela fait du bien, peu ou pas d'hypocrisie ou de
fausse pudeur. Histoires gay décrit un milieu, gay justement, plus vrai
que nature, avec les bars, les boîtes,
la drague bien sûr, mais aussi les amitiés fortes qui se nouent
entre hommes, entre hommes et femmes. On n'y trouve pas trop de clichés,
un ton juste, et on ne s'ennuie pas une seconde
Oui, les anglo-saxons sont bien plus doués que les français
pour les séries télévisées, ils l'ont toujours été.
En quoi cela serait-il gênant? Ce qui est à noter, c'est ce renouvellement
des genres, on peut enfin trouver son compte quand on aime les histoires réalistes
(voir trash) et qu'on n'aime pas que le film se termine. La série est
faite pour ça (et aussi pour retenir le télespectateur devant
sa télé, bien sûr...). Semaine après semaine, on
est tenu en haleine et on a du mal à patienter tout ce temps. Seulement
le principe ne marche que si on est pris au piège. Et il semblerait bien
que ce soit fait pour la génération 20-30 ans, grâce à
des procédés tout aussi malhonnêtes qu'excellents: le réalisme
et l'audace.
Sab
Le site de série club
Le site de hbo
Le site de nbc
Le site de abc
Le site de Channel 4