Bridget Jones

Briget, angoissée à l’idée de mourir obèse, bourrée et seule, poursuivie par l’éternel " quand fonderas-tu une famille, tic tac tic tac ? " de sa famille, décide à 32 ans de faire quelque chose de sa vie en réduisant les quantités d’alcool, de cigarettes et de calories.

 

Le journal de Bridget Jones est culte auprès d’une bonne partie de la génération des 25-35 ans, notamment auprès de celles qu’on appelle les " super rates " (rates de rat, pas de raté : célibataires femelles de la trentaine ayant réussi leur vie professionnelle et possédant tout, sauf un mari) : Peut être parce que Bridget représente enfin un anti-modèle, bien éloigné de la combativité d’une trop agressive Lara Croft (maigre à gros seins sportive et intelligente malgré son short de mauvais goût – déprimant personnage) : Célibataire londonienne sympathique, gaffeuse et goinfre, aussi maladroite que drôle, naïve que pleine d’esprit, on l’aime comme sa meilleure copine et elle n’est, malgré toutes ses névroses, pas cinglée comme sa variante US, Ally Mac Beal. Helen Fielding a créé LE personnage dont on aimerait qu’elle soit notre meilleure amie, celle qui nous permet d’être un peu plus indulgents envers nous mêmes puisqu’elle même est loin d’être parfaite.

Nous étions donc assez nombreux(ses) à attendre avec une certaine fébrilité la sortie du film. Comment ce faux journal peut-il être retranscris à l’écran ? Je me suis préparée " à la Bridget " pour aller au cinéma (impossible de trouver mes vêtements, une heure à courir dans tous les sens) et ai fini par y aller avec deux chaussettes de couleur différentes, ce qui me semblait de bon augure.

Les fans du bouquin ressortent forcément déçus. Il était inévitable que le film ressemble à un long sitcom en raison de la structure épisodique du roman. Si la première partie du film est très réussie (la scène où Bridget déprimée et saoule, chante en play back, vêtue d’un pyjama à nounours a toutes les chances de rester dans les mémoires) et reflète bien l’esprit du roman, la seconde partie vire à la comédie type Meg Ryan (à laquelle on échappe heureusement). Alors que Bridget souffre constamment de la solitude, on assiste à une bagarre entre les prétendants pas du tout british et assez ridicule. Bridget en bourreau des cœurs, ca ne colle pas vraiment. Dommage.

Hugh Grant qui joue Daniel le séducteur est charmant. Trop charmant en fait, il n’est pas convaincant en salaud. Marc Darcy (Colin Firth, acteur sur lequel Bridget fantasme dans le roman) est ennuyeux à souhait. On peut regretter que les copines, Jude et Shazzer soient complètement repoussées au second plan alors que la réalisatrice, Sharon Maguire est l’amie d’Helen Fielding qui a inspiré le personnage de Shazzer.

La plus grande réussite du film réside en fait dans le choix de Renée Zellwegger. Appétissante avec ses bonnes joues et ses rondeurs, elle est une Bridget sympathique, bordélique, gaffeuse à souhait....plus vraie que nature, elle emporte le film qu’elle porte à bout de bras et le tire de la médiocrité. On en garde le souvenir de quelques scènes absolument mortifiantes sur la vie secrète des célibataires qui passent l’aspirateur avec des bigoudis, en sous-vêtements de mémé. Un glamour londonien inespéré qui repose de la perfection américaine.

Célia, 19 septembre 2001