Snif, l'été
est fini, adieu les jupettes, les décolletés, les folles nuits
à danser sur la terrasse... Heureusement, il y a Septembre et sa rentrée
culturelle! Et cette année, pour éviter de tomber dans la sinistrose,
découvrez donc le disque de Kelly Joyce.
Jeune
chanteuse parisienne black, elle sort son premier disque, mais tout
le monde a déjà en tête son tube Vivre la
vie... Première écoute agréable, on retient
la musique engageante et surtout la voix superbe. Le reste de l'album
confirme: entre Catherine Ringer et Muriel Moreno pour le timbre
, en passant par Terri Moïse pour la profondeur, on se laisse
emporter par sa chaleur, sa douceur, qualités si rares dans
la criante chanson française actuelle... Car Kelly Joyce
chante en grande partie en français. Elle est donc classée
"chanson française" dans les magasins. Mais elle n'est pas
exclusive: on trouve des morceaux en anglais et en créole.
Les paroliers (Paul Manners, Francesco De Benedittis et Davide Esposito)
ne sont pas bornés: ils mélangent même parfois
plusieurs langues. Quel sacrilège... agréable! On
se dit alors que c'est peut-être une vraie chanteuse, pas
une vedette de pacotille qui sera à la mode pendant trois
semaines...
Une
écoute attentive de la musique confirme cette impression.
Si on voulait définir le style de l'album, on aurait vraiment
du mal. Au début on trouve ça plutôt R&B:
rythmes endiablés et chanteuse black... Seulement on perçoit
dans quelques chansons des thèmes jazz, blues, tout en douceur.
Les rythmes zouk, arabisants ne sont pas absents non plus. Enfin,
on trouve aussi des influences techno, le premier morceau rappelant
fortement Propellerheads, d'autres Massive attack. On pourrait se
dire que franchement, c'est n'importe quoi, on ne sait pas ce qu'on
écoute! Mais non, c'est justement ce qui est particulièrement
intéressant dans cet album, la diversité des rythmes,
thèmes, influences. C'est chose rare parmi les artistes en
vue: on aime que les choses soient simples et que les albums rentrent
pile dans une cathégorie à la fnac....
Diversité
dans la musique, beaucoup de créativité donc dans ce domaine.
On ne peut pas en dire autant des paroles, et c'est là que pèche
le disque. Amour, amour, et encore amour: les thèmes abordés ne
sont pas très variés. Il y a certes une certaine poésie
musicale qui fait illusion un temps. Mais cela ne suffit pas sur la durée:
on en veut plus. Il n'y a qu'une exception: Vivre la vie, qui ne change pas
de sujet, mais contient une certaine ironie. On la perçoit à l'accent
d'abord: article inexact à la Birkin, liaison maladroite que tout le
monde remarque. On la sent surtout à la manière de chanter de
Kelly Joyce: elle opte pour une langueur toute désabusée, une
nonchalance exagérée, qu'on ne trouve pas dans les autres morceaux
et qui est donc voulue. Une chanson ne suffisant pas à rattrapper un
album, il faut abolument que cette jeune chanteuse (18 ans) se mette à
écrire ses paroles, en espérant qu'elle en ait le talent. Ou qu'elle
change de parolier!
Voilà
donc un album riche, très agréable à écouter,
plein de joie et de sensualité. Voilà surtout une
chanteuse excellente, qui sait à elle seule envouter les
chansons, leur donner du caractère sans trop en faire. En
tout cas, album à réserver pour les soirées
de tous ceux et celles qui aiment danser, bouger leur corps, se
trémousser: les rythmes et la voix se mêlant, vous
serez comme possédés...
Sab